L'intelligence artificielle n'a jamais été aussi puissante. Elle génère désormais des images photoréalistes, rédige des articles académiques, et s'invite jusque dans les tribunes d'opinion. Pourtant, cette montée en puissance soulève une question cruciale : l'IA améliore-t-elle réellement la production intellectuelle, ou participe-t-elle à une saturation des circuits traditionnels de validation du savoir?
Une avalanche de publications... qui noie la qualité
Sample (2025) révèle un phénomène inquiétant dans le monde académique : la quantité d'articles scientifiques publiés explose à un rythme tel que les chercheurs eux-mêmes ne parviennent plus à suivre. Face à des millions de publications annuelles, la relecture par les pairs, pilier fondamental de la rigueur scientifique, devient intenable. Cela conduit à une baisse du niveau moyen des publications et à une perte de confiance dans les résultats publiés.
Selon ce même article, la prolifération des textes générés ou assistés par l'IA aggrave le problème. Les outils comme ChatGPT permettent à n'importe quel utilisateur de produire un article structuré et crédible en quelques secondes. Mais les apparences sont parfois trompeuses : méthodologies douteuses, résultats non reproductibles, ou erreurs factuelles insérées sans malveillance... mais aux conséquences bien réelles.
L'illusion du sens dans les textes générés
Le Monde (2025) interroge de son côté le rôle de l'IA dans la rédaction d'articles d'opinion. Une tribune est-elle encore crédible si son auteur est un algorithme ? Peut-on attribuer une pensée à une machine ? L'article rappelle que « une IA, aussi perfectionnée soit-elle, peut-elle formuler une pensée propre ? Peut-elle ressentir une injustice, s'indigner, douter, croire ou espérer ? » La réponse est évidemment non. Mais cela n'empêche pas les machines de mimer ces affects et d'être convaincantes.
Dans les faits, cela signifie que de nombreuses tribunes ou contributions sont aujourd'hui produites par des IA, sans qu'on puisse toujours le détecter. La liberté d'expression s'en retrouve détournée : elle n'est plus le reflet d'une pensée humaine, mais d'un artefact algorithmique.
Un parallèle troublant avec la communication en santé
Ce phénomène dépasse le cadre académique. Dans l'industrie pharmaceutique, on observe également une explosion de la documentation : brochures, posts LinkedIn, vidéos explicatives, rapports, résumés cliniques. Deux causes principales expliquent cette inflation : la montée du micro-marketing via les réseaux sociaux, et l'avènement des traitements personnalisés nécessitant des supports ciblés.
Or, qui dit multiplication des contenus, dit multiplication des erreurs potentielles. En France, c'est l'ANSM qui vérifie la conformité de ces documents. Mais face à un manque de personnel, toutes les communications ne sont pas systématiquement relues. Des écarts se creusent entre laboratoires, certains diffusant des messages très orientés marketing, au détriment de la rigueur scientifique.
Anticiper les dérives : l'urgence d'outils de vérification adaptés
Nous devons aujourd'hui envisager un scénario désormais probable : des milliers de documents médicaux générés par des IA, soumis à des processus de vérification humaine saturés.